mercredi 23 juin 2010

Mrs Palfrey, Hôtel Claremont d'Elizabeth Taylor.

J'ai fini de lire Mrs Palfrey, Hôtel Claremont, d'Elizabeth Taylor, dont j'attendais beaucoup, et le moins que je puisse dire, c'est que je n'ai pas été déçue dans mon attente !

J'avais déjà eu l'occasion de découvrir la plume de cet auteur à travers un texte très court, Hester Lilly, où Elizabeth Taylor déployait déjà un style incisif pour décrire les tourments psychologiques d'un triangle amoureux évoluant dans une bourgade provinciale très british.

Sur une trame bien plus intéressante et infiniment plus développée, Elizabeth Taylor vient confirmer cet indéniable talent pour l'écriture dans Mrs Palfrey, Hôtel Claremont, l'histoire d'une vieille dame, Laura Palfrey, qui s'installe dans une résidence pour personnes âgées.

C'est l'occasion d'une formidable galerie de portraits à la pointe sèche - le personnel de l'hôtel indifférent à ses clients ; Mrs Arbuthnot dont les étincelles de méchanceté s'expliquent en partie par la dégradation de son état, qui va la conduire à l'hospice ; Mrs Burton, toujours habillée en robe de soirée et assez portée sur la bouteille, ; Mrs Post, si timide ; Mr Osmond, le seul homme de la maisonnée, que tous soupçonnent d'être une "tapette", et dont le passe temps favori consiste, quand il n'écoute pas la météo ou n'envoie pas de lettres aux journaux, à raconter des blagues grivoises au serveur, Antonio.

C'est aussi l'occasion pour le lecteur de réfléchir sur ce qu'est la vieillesse, et sur la place que nous accordons aux personnes âgées dans notre société.

L'héroïne, la très attachante Mrs Palfrey, est en effet laissée pour compte par sa famille : sa fille, Elizabeth, ne vit pas à Londres et n'a jamais eu de rapports très affectueux avec elle ; quand à son petit fils, Desmond, qui travaille au British Museum, il la néglige purement et simplement, trop occupé à rédiger un livre sur les sculptures cycladiques.

Un jour cependant, Mrs Palfrey fait la connaissance d'un jeune homme sans le sou, Ludo, qui rêve de devenir écrivain. Pour le remercier d'un service qu'il lui a rendu, elle l'invite à dîner au Claremont et le fait passer pour son neveu, Desmond...

C'est le début d'une amitié extrêmement touchante, à l'image du livre, profondément généreux et humaniste, mais qui pour autant ne cède pas la place à la mièvrerie : si l'on sourit souvent à la lecture, et si l'on est souvent touché, l'auteur, Elizabeth Taylor, ne fait aucune concession, aucun compromis ; elle raconte la vie telle qu'elle est, peint la viellesse sans fard, décrit des personnages souvent veules - comme la snob Mrs de Salis ; la jeune Daisy, dont Ludo tombe amoureux ; et la mère de Ludo, une femme entretenue par le Major, un homme qui a un double foyer.

Difficile de décrire le style de l'auteur tant il lui est propre, mais ce qu'on peut en dire, c'est que la plume d'Elizabeth Taylor est d'une grande sincérité : jamais de pathos, mais beaucoup de justesse, une manière d'écrire sobre et dépouillée, mais non dépourvue d'originalité.

Une belle découverte réalisée grâce à Emjy, qui me donne envie de découvrir l'adaptation de ce livre et de lire d'autres livres de cet auteur.

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