samedi 27 août 2011

Des films très attendus...

C'est bientôt la 68ème mostra de Venise, qui se déroulera du 31 août au 11 septembre 2011. A cette occasion devraient être présentés plusieurs films dont j'attends la sortie en France avec impatience et curiosité.



1°) A Dangerous Method, de David Cronenberg.

Sabina Spielrein est une jeune femme souffrant d'hystérie. Elle est alors soignée par le psychanalyste Carl Jung, dont elle devient rapidement la maîtresse. Cette relation se complique fortement lorsque Sabina entre en contact avec un autre psychanalyste, Sigmund Freud.



Un film sur la psychanalyse, pourquoi pas ? L'histoire me paraît un peu simpliste, mais si les acteurs et les dialogues sont bons... Je me demande surtout si Keira Knightley sera un peu moins mauvaise que d'habitude dans ce film. La bande-annonce m'a plutôt agréablement surprise, parce qu'elle s'y révèle plutôt crédible dans un rôle pour le moins inhabituel par rapport à ce qu'elle a pu faire auparavant.

2°) La Taupe, de Tomas Alfredson

Durant la période de la Guerre Froide, un ancien espion, George Smiley (joué par Gary Oldman) est obligé de reprendre du service pour démasquer une taupe soviétique au sein du MI6.



Pour le coup, je suis beaucoup plus emballée par ce film. Adaptation du plus connu des romans d'espionnage de John Le Carré, cette adaptation s'offre un casting de luxe : outre Gary Oldman, on pourra y retrouver Colin Firth, Ciaran Hinds, Mark Strong, et bien d'autres. La bande-annonce semble très prometteuse : le réalisateur a apparemment su recréer l'ambiance de cette époque. La musique y est sans doute pour quelque chose.

3°) Wuthering Heights, d'Andrea Arnold


La réalisatrice n'a laissé filtrer que très peu d'informations sur cette nouvelle adaptation du chef d'oeuvre d'Emily Brontë, et a choisi de s'entourer d'acteurs très peu connus du grand public. L'exercice qui consiste à adapter Les Hauts de Hurlevent pour la énième fois est pour le moins risqué ; espérons cependant que cette réalisation saura se montrer à la hauteur et proposer une vision intéressante et originale du roman.

4°) Poulet aux prunes, de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud.

Téhéran, 1958. Nasser Ali Khan (Mathieu Amalric)), musicien célèbre, a perdu le goût de vivre. Plus aucun instrument ne semble pouvoir lui redonner l’inspiration depuis que son violon a été brisé. Sa tristesse est d’autant plus forte que son amour de jeunesse, rencontré au coin d’une rue peu après cet incident, ne l’a pas reconnu. Après avoir cherché en vain à remplacer cet instrument reçu autrefois de son maître de musique, Nasser en arrive à la seule conclusion possible : puisque aucun violon ne peut plus lui procurer le plaisir de jouer, il se mettra au lit pour attendre la mort. Il envisage alors toutes les morts possibles : être écrasé par un train, sauter d’une falaise, se tuer d’une balle dans la tête, faire une overdose de médicaments… mais ne trouve aucune de ces issues digne de lui. Après tout, il était le meilleur violoniste de son temps : Nasser Ali Khan.


Les réalisateurs de Persepolis reviennent nous surprendre avec un film pour le moins original et prometteur. Marjane Satrapi adapte là son propre roman graphique, Poulet aux Prunes. L'intrigue se passe toujours à Téhéran mais, cette fois-ci, pas d'animation mais des acteurs de chair et d'os. C'est un parterre d'acteurs impressionnant qui se donnent la réplique dans son film : Mathieu Amalric, Jamel Debbouze, Maria De Medeiros, Edouard Baer ou encore Chiara Mastroianni.



5°) Sal, de James Franco.

Il s'agit d'un biopic sur Sal Mineo, le partenaire de James Dean dans La fureur de vivre, premier acteur hollywoodien à assumer son homosexualité au grand jour.

Enfin, un outsider présenté hors compétition : W.E., réalisé par Madonna. Ce film, qui retrace les amours d'Edward VII avec l'Américaine Wallis Simpson, divorcée américaine pour laquelle il renonça au trône d’Angleterre, surfe aparemment sur le succès du Discours d'un roi. Le nom de la réalisatrice fait un peu peur (jusqu'ici, Madonna n'a jamais vraiment convaincu au cinéma), mais les choix faits pour le casting seraient judicieux.

Espérons simplement que W.E. soit un peu plus qu'une bluette vaguement sulfureuse...

jeudi 25 août 2011

Affaires étrangères, d'Alison Lurie.

J'ai découvert Alison Lurie par le biais de ses deux essais consacrés à la littérature enfantine, Ne le dites pas aux grands et Il était une fois... et pour toujours, deux livres que je ne peux que recommander à ceux qui s'intéressent à ce thème, car ce sont des ouvrages très clairs, jamais ennuyeux, dans un style à la fois malicieux et pétillant d'intelligence.

Suite à cette découverte, j'avais très envie de découvrir Alison Lurie romancière - c'est maintenant chose faite avec la lecture de son roman le plus célèbre, Liaisons étrangères, dont j'ai beaucoup aimé les thèmes et l'écriture.



Le premier chapitre du livre nous fait le portrait d'une universitaire américaine de 54 ans, Virginia Miner, dite Vinnie, spécialiste de la littérature enfantine, assez laide, au physique de petite souris. Ce personnage, qui peut nous faire songer, par certains aspects, à Alison Lurie elle-même, prend l'avion pour se rendre à Londres : elle a en effet obtenu une bourse qui va lui permettre de passer six mois en Angleterre pour faire ses recherches, ce dont elle est ravie, car elle considère ce pays comme sa patrie d'adoption. Dans l'avion, elle fait la connaissance de Chuck Mumpson, son exact opposé : ancien ingénieur spécialisé dans les systèmes d'élimination des déchets, il a tout de l'Américain moyen, il porte des bottes de cow boy et un imperméable en plastique hideux. Il est complètement inculte : il incarne tout ce que Vinnie, avec ses préjugés universitaires, déteste.

Le deuxième chapitre nous présente un personnage bien différent, Fred Turner, un très bel et jeune universitaire qui travaille dans le même département que Virginia Miner, lui aussi pour 6 mois à Londres. Il tente tant bien que mal de se remettre de sa séparation d'avec sa femme, qui devait partir avec lui et qui est restée au Etats-Unis, à cause d'un différend les opposant. Contrairement à Vinnie qui adore Londres, Fred ne trouve aucun charme à la ville, jusqu'à ce qu'il rencontre une actrice spécialisée dans les period dramas de la BBC, Rosemary Radley, plus âgée que lui, mais extrêmement séduisante.

Le livre d'Alison Lurie va alterner les points de vue de ces deux personnages, en nous livrant avec beaucoup de finesse leur point de vue sur l'Angleterre, et en nous dévoilant leur état d'esprit suite aux rencontres qu'ils vont être amenés à faire. On ne s'ennuie pas - passé le premier chapitre, le livre est bien rythmé, et on prend plaisir à suivre ces personnages que tout semble opposer, mais qui, mis en présence, contribuent à révéler de quoi sont faits les uns et les autres. Le regard de l'auteur sur ses personnages, sur l'Angleterre et sur l'Amérique est vif et acéré, souvent drôle - le livre a su me toucher, alors qu'au départ, je ne trouvais pas beaucoup d'intérêt à cette souris de Vinnie. Il y a beaucoup d'honnêteté et de justesse dans la façon dont les personnages sont dépeints, et ce livre s'avère très agréable à lire. J'aimerais beaucoup voir ce livre adapté au cinéma, car à mon avis, il y a moyen d'en faire un très bon film. Affaires étrangères a d'ailleurs été adapté à la télévision avec Joanne Woodward dans le rôle principal.

samedi 20 août 2011

Loin de la foule déchaînée, de Thomas Hardy.



J'ai lu ce livre la semaine dernière, et j'ai beaucoup aimé. L'édition publiée par Sillage est très agréable à lire ; la qualité du papier utilisé pour la couverture et pour les pages du livre y est pour quelque chose. La traduction m'a paru bonne : pas de barbarismes, pas de mots inventés, une langue fuide et claire.

J'avais lu il y a plusieurs mois le roman graphique de Posy Simmonds qui s'inspire de ce livre de Thomas Hardy, et vu son adaptation cinématographique par Stephen Frears : j'étais donc très curieuse de voir ce que ces deux oeuvres devaient au livre de Thomas Hardy.

J'ai été très surprise de découvrir qu'au final, pas grand chose, si ce n'est le cadre du roman et ses personnages principaux - une femme et ses trois soupirants - encore que les caractères de ces quatre personnages soient finalement assez éloignés du livre. Le roman graphique de Posy Simmonds et le livre de Thomas Hardy ont un fil conducteur, mais les deux oeuvres sont clairement indépendantes l'une de l'autre - ce sont des créations originales, dans le sens où le roman graphique de Posy Simmonds n'est pas qu'une vague adaptation de l'intrigue revue à la sauce contemporaine, tant s'en faut.

En effet, première surprise quant on ouvre le roman, Tamara Drewe devient Batsheba Everdene, une jeune femme d'une grande beauté et d'un caractère impétueux qui hérite à vingt ans d'un beau domaine, qu'elle dirige seule. Assez différente de l'héroïne de Posy Simmonds, elle partage néanmoins avec elle la même superficialité, même si tout compte fait elle apparaît plus sympathique que la journaliste de presse à scandale dont il est question dans le roman graphique. Batsheba a des défauts, mais elle sera amené à évoluer. De plus, c'est le portrait d'une jeune femme finalement très indépendante dont Thomas Hardy nous fait le portrait, ce qui est plutôt rare dans les romans écrits à cette époque, qui plus est sous la plume d'un romancier masculin.

Autre personnage important du roman, Gabriel Oak, un ancien soupirant de Batsheba ayant connu des revers de fortune, qui lorsqu'un incendie se déclare dans la propriété de Batsheba, va appporter une aide providentielle pour sauver ses récoltes. On retrouve le personnage à travers lui le personnage du jardinier créé par Posy Simmonds, Andy, mais plus approfondi, et là encore, plus sympathique. Car les épreuves, au lieu d'aigrir Gabriel, vont lui permettre d'acquérir une sagesse qui lui sera bien utile lors des coups durs qu'il va être amené à subir.





Reconnaissante du service que Gabriel lui a rendu, Batsheba lui procure un emploi parmi ses gens, mais devient l'élue de deux autres prétendants, bien décidé l'un et l'autre à obtenir sa main : le vieux fermier Boldwood, d'origine aristocrate, qui va tomber fou amoureux de Batsheba suite à la réception d'une carte de saint Valentin, et le séduisant militaire Troy, à qui bien peu de femmes savent résister.

Ce qui est intéressant dans ce roman, c'est, outre les rebondissements romanesques, sa qualité d'écriture. Thomas Hardy est dans son élément lorsqu'il décrit à petites touches la région imaginaire du Wessex, calquée qur son Dorset natal. On découvre dans son roman la vie des paysans, leurs conversations - souvent fort drôles - au café du coin, les préoccupations des fermiers de la région. Et contre toute attente, c'est passionnant, tout comme le sont les protagonistes de cette histoire, dotés chacun d'une personnalité propre. La plupart sont très attachés à leur région, à la terre, et tous seront amenés à évoluer en fonction des circonstances de leur vie. Les péripéties qui émaillent ce roman sont parfois invraisemblables ou prévisibles, la leçon de morale qu'on peut tirer de cette histoire légèrement édifiante sur les bords, mais Thomas Hardy réussit à donner vie à ses personnages et à cette région rurale de l'Angleterre, et ce avec beaucoup de talent. On ne s'ennuie jamais à la lecture de ce roman qui réserve bien des surprises au lecteur. Bref, ce livre est un vrai coup de coeur, et j'ai bien envie maitenant de m'essayer au Maire de Caterbridge.

vendredi 19 août 2011

Papotage n°1





Les livres que l'on lit et les films que l'on voit ne méritent pas forcément un billet à part entière (surtout quand, comme moi, on a un retard phénoménal dans la mise à jour de son blog) : je reprends donc une idée de Céline, du Blog Bleu, pour évoquer rapidement les livres que j'ai lus et les films que j'ai vus dernièrement.

Lu dernièrement :

- Ivanhoé à la rescousse, de Thackeray. J'aime beaucoup cet auteur, mais ce petit livre qui parodie l'oeuvre de Walter Scott m'a paru assez anodin.

- Le secret de Lady Audley, de Mary Elizabeth Braddon. Une lecture pas désagréable, si l'on aime les romans-feuilletons qui se déroulent à l'époque victorienne. A consommer avec modération cependant : certes, on ne s'ennuie pas, mais certaines péripéties sont prévisibles, et le système des personnages souvent manichéen.

- Derrière le masque, de Louisa May Alcott. Intéressant en ce qu'il permet de découvrir une autre facette de cet auteur. Le livre met en scène une gouvernante intelligente, immorale et manipulatrice, servie par ses talents de comédienne. Pas un grand roman cependant : on sent que l'auteur a trop peu d'expérience de la vie pour insuffler le souffle nécessaire à une grande histoire. Un roman bien écrit cependant.

- La fin d'une liaison, de Graham Greene. Première incursion de ma part chez cet auteur, avec un roman popularisé par l'adaptation cinématographique récente. Le titre est cependant trompeur : il s'agit moins d'un roman d'amour que du récit d'une quête spirituelle. Les personnages sont à la recherche de Dieu, le tout dans le contexte des années 1950. Moins tourmenté que Bernanos, mais superbement écrit cependant, sur un thème rien moins que facile.

- L'auberge de la Jamaïque, de Daphné du Maurier. Quand on ne sait pas quoi lire, on se dit qu'en tant qu'auteur, Daphné du Maurier ne saurait complètement nous décevoir. Agréablement surprise par ce roman, dont je n'avais pas toujours entendu dire grand bien.

Cette histoire de pirates est tout bonnement très prenante ; j'avais vu le film de Hitchock il y a quelques années, mais les deux intrigues sont sensiblement différentes. L'héroïne, Mary Yellan, est une femme forte ; par dessus tout, il y a ces magnifiques descriptions de paysage qui ne peuvent pas ne pas faire songer aux Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë.

Quelques faiblesses cependant - le personnage du méchant ne m'a pas complètement convaincue, on a du mal à comprendre ces motivations. Il y a quelque chose d'immature dans ce roman, mais c'est aussi ce qui en fait le charme. Le côté enfantin de l'héroïne permet le déferlement d'une certaine violence.

Vu en dvd :

- Elle et Lui, de Leo MacCarey. Vu ce film en urgence, histoire d'honorer mon challenge "Un printemps avec Cary Grant". C'est le genre de film dont je repousse sans arrêt le visionnage, à cause de sa dimension mélodramatique. J'anticipe l'effet qu'il peut produire sur moi - un gros coup de blues si le film est efficace, une irritation difficile à réprimer si le film est mauvais. Au final, j'ai beaucoup aimé. C'est une belle histoire, que Leo Maccarey prend le temps de filmer, avec deux comédiens merveilleux, Cary Grant et Deborah Kerr, tout en justesse et en sensibilité.

La première partie du film débute sur le mode de la comédie ; la seconde partie du film est plus mélancolique, mais très touchante. On est dans la plus pure tradition mélodramatique, mais jamais dans le tire-larmes. Au fur et à mesure que l'intrigue se déroule, les personnages gagnent en profondeur et en intensité... La mémoire et la religion jouent un rôle à la fois discret et prépondérant dans le film, grâce entre autres au personnage de la grand mère de Cary Grant. La dernière scène est magnifique.

- Le grand alibi, d'Afred Hitchcock. Pas un chef d'oeuvre, mais un très bon film d'Hitchcock quand même. Bien aimé le jeu de Jane Wyman que je ne connaissais pas, l'aspect gentiment vaudevillesque de certaines scènes et le jeu des acteurs qui jouent les parents de l'héroïne du film. Outre ces qualités, l'intrigue policière m'a paru bonne (je me suis fait complètement avoir par le flash-back initial), les acteurs sont bons et certaines scènes sont de vrais petit bijoux d'humour, mais Marlène Dietrich n'a pas un rôle très intéressant - c'est simple, elle m'a paru la caricature d'elle-même, dans cet enième rôle de femme fatale. Un film à voir cependant, car on passe un très bon moment, et les scènes où il y a des taches de sang annoncent d'autres films du maître.



- Le procès Paradine, du même réalisateur. Un avocat est chargé de défendre une femme accusée d'avoir tué son mari. Il tombe peu à peu amoureux d'elle. Une intrigue prometteuse pour un film décevant. On peine à retrouver la patte du grand Hitchcock dans ce film. Gregory Peck semble peu à l'aise dans le rôle de l'avocat, et Ann Todd est assez quelconque. Seuls la très belle Alida Valli dans le rôle de Mrs Paradine et Louis Jourdan dans le rôle du valet d'écurie parviennent à insuffler au film une dimension tragique. A noter, la présence de Charles Laughton et d'Ethel Barrymore au casting.