mardi 25 octobre 2011

Persuasion ITV 2007 versus Persuasion BBC 1995.

Je reste dans la note "period drama" en évoquant les deux adaptations télévisées du dernier roman de Jane Austen, Persuasion. ;) D'un ton plus grave que les œuvres précédentes de la romancière, il raconte les retrouvailles d'Anne Elliot avec Frederick Wentworth, dont elle a repoussé la demande en mariage huit ans auparavant, persuadée par son amie Lady Russell des risques de cette union avec un jeune officier de marine en début de carrière, pauvre et à l'avenir incertain. Mais alors que la guerre avec la France s'achève, le capitaine Wentworth revient, fortune faite, avec le désir de se marier pour fonder un foyer. Il a conservé du refus d'Anne Elliot la conviction que la jeune fille manquait de caractère et se laissait trop aisément persuader.




Grâce à Emjy qui m'a très gentiment prêté le dvd, j'ai regardé l'adaptation ITV 2007 hier soir ; j'ai bien aimé, mais j'avoue que ne pas avoir été spécialement transportée.

Pourtant, cette adaptation télévisée a beaucoup de qualités : les acteurs principaux d'abord, qui sont très bons ; le scénario, plutôt bien ficelé (même si certaines scènes de la fin ont été "oubliées"), un parti pris de simplicité dans la manière de filmer (les décors, les intérieurs et les paysages sont très beaux).

Mais voilà : mon coeur appartient à la version de 1995. ;)

Cependant, je reconnais que Rupert Penry Jones est absolument charmant : je redoutais que ce joli blondinet ne soit pas à la hauteur, mais je reconnais qu'il joue très bien, là où Ciaran Hinds imposait un physique beaucoup plus buriné.

Quant à Sally Hawkins, je la trouve très bien également, quoique peu mise en valeur physiquement et vestimentairement (j'attendais sans cesse qu'elle s'épanouisse tout au long du téléfilm, et bien j'en ai été pour mes frais : pourtant, Amanda Root, dans la précédente version, peut vraiment exceller dans l'art d'avoir l'air peu épanouie, mais il y a un moment dans le film où elle devient très belle, où elle retrouve des couleurs en somme ; dans la version 2007, je n'ai jamais eu ce sentiment).

Quant aux rôles secondaires, quoique bien interprétés, ils passent un peu à la trappe dans la seconde partie, alors qu'il avaient droit à un vrai développement dans l'adaptation de 1995, qui par ailleurs est peut-être plus intéressante visuellement parce qu'elle prend le parti d'être assez réaliste et de jouer sur les couleurs chaudes et froides (la version de 2007 joue essentiellement sur des couelurs froides : bleu, mauve...).

Enfin, les moments où Sally Hawkins tient son journal intime et s'adresse à la caméra m'ont paru un peu faciles : Persuasion n'est pas un roman où m'héroïne dit "je", ses sentiments sont suggérés. J'aurais aimé qu'il en aille de même dans cette adaptation. C'était un peu bizarre de voir l'héroïne sans cesse nous prendre à parti ; ça donnait un caractère presque trop intime à l'histoire.

Au sujet de la fin, dont on dit souvent qu'elle a été baclée, faute des moyens financiers nécessaire, j'y étais préparée : la scène de course-poursuite m'a paru assez peu crédible, mais bon, à la limite ça passe. En revanche, la scène du baiser m'a paru très maladroite, et ne parlons pas du final, que je trouve limite gnan-gnan. Je trouve d'ailleurs que cette adaptation fait la part belle à la mélancolie, et que c'est un tout petit peu dommage, parce que même si c'est la tonalité générale du roman, d'autres traits plus piquants viennent la relever et la fin s'ouvre quand même sur un espoir. Et puis il manque la scène de la lettre, et ça, c'est limite criminel, parce qu'elle est tellement plus intéressante qu'une banale scène de baiser, ou que le fait qu'Anne retrouve sa demeure d'origine !

Ceci dit (parce que je me rends compte que j'ai l'air très critique) c'est une adaptation de bon niveau, très agréable à regarder. Mais autant Emma m'a paru bénéficier d'une très bonne adaptation en 2009, autant Persuasion ITV 2007 me paraît à retravailler (car je ne considère pas du tout la version de 1995 comme un "must" absolu, même si je l'apprécie beaucoup).

Au tour de l'adaptation BBC 1995 à présent ! ;)




J'aime beaucoup cette adaptation, en particulier pour le jeu des acteurs principaux, que je trouve tout simplement remarquables : Ciaran Hinds, avec son visage buriné et viril, fait un parfait capitaine Wentworth ; quant à Amanda Root, le spectateur a le plaisir de la voir embellir au fur et à mesure que le film se déroule.

J'apprécie également beaucoup le fait que l'adaptation ait insité sur l'aspect réaliste des intrigues de Jane Austen, malheureusement souvent occulté dans certaines adaptations, certes agréables à regarder, mais un peu trop acidulées et rose bonbon à mon goût, alors qu'il me semble que l'auteur d'Orgueil et Préjugés aborde mine de rien, les problèmes touchant à la société de son époque, en particulier le statut des femmes, et le rôle de l'argent et du mariage dans leur vie.

Je trouve que les acteurs qui jouent les roles secondaires sont également bons, même si certains ont pu trouver leur jeu caricatural. Pour ma part, ils m'ont aidé à mieux comprendre les touches d'humour qui émaillent ce roman à l'atmosphère plutôt automnale et mélancolique. Le père et la soeur aînée sont vraiment présentés comme snobs et odieux ; quant à l'autre soeur d'Anne Elliot, qui souffre manifestement d'hypocondrie et qui est si bien jouée par la soeur d'Emma Thompson, j'ai apprécié qu'on nous la montre pour la première fois en train de se moucher parce qu'elle est enrhumée : cela rappelle les dures conditions de vie de l'époque, où la vie et la santé étaient tout de même assez précaires, puisqu'on pouvait mourir d'un simple rhume.

L'adaptation m'a également beaucoup apporté, dans le sens où j'ai mieux compris ce qui se passait sur la jetée de Lyme, scène que j'avais du mal à me figurer en lisant le roman. Grâce à l'adaptation, j'ai pu visualiser ce qui se passait lors de cet épisode pivot du roman, et que j'avais du mal à appréhender au cours de ma lecture.

J'aime beaucoup la scène de dîner, de piano et de danse du début, lorsque Frederic Wentworth est invité chez les Musgrove, et le courage d'Anne, qui essaie de faire bonne figure, alors que tout ceci doit être bien douloureux pour elle.

J'aime également la scène dans le magasin, lorsqu'il pleut, la scène du concert, la scène de la lettre, la scène de demande en mariage, et la fin, même si le baiser et la scène du bateau n'étaient peut-être pas absolument indispensables. Ceci dit, j'aime bien le défilé de Carnaval avec les comédiens de cirque qui a lieu lorsqu'Anne et Frederic se retrouvent enfin, elle donne une note de couleur et de gaieté.

Je me suis longtemps interrogée sur le sens de ce défilé au moment de la scène du baiser, et j'y vois une représentation symbolique de la société, peuplée de gens déraisonnables qui jouent la comédie sociale tout le temps et ne laissent jamais tomber le masque. Au milieu d'eux, Frederic et Ann apparaissent comme les seuls êtres véritablement purs de cette histoire, car les sentiments qu'ils éprouvent l'un pour l'autre sont vrais et sincères.

Enfin, j'aime beaucoup le jeu sur les couleurs, et la manière dont les scènes à la bougie sont filmées ; il y a en effet, sur le plan de la réalisation, une alternance de scènes tantôt dans les tons bleus (qui évoquent la mer, le froid, la solitude), tantôt dans les tons rouges (qui évoquent vraisemblablement la flamme de la passion). Il est d'ailleurs intéressant de constater que la scène finale se déroule sur un navire, dans un contexte maritime donc, mais que les couleurs sont celles du soleil couchant.

Bref, c'est une adaptation que j'aime beaucoup, malgré quelques maladresses, et qui reste ma préférée à ce jour.

dimanche 16 octobre 2011

The Artist, de Michel Hazanavicius (2011).



L'histoire : Hollywood 1927. George Valentin enchaîne les films et les succès. Son art de la pantomime en a fait une vedette du cinéma muet. L'arrivée des films parlants va tout boulevreser. Ne croyant pas à cette nouvelle technique, il rate le train en marche et sombre peu à peu dans l'oubli. Peppy Miller, jeune figurante qu'il a aidée dans sa carrière, va elle, être propulsée au firmament des stars. Ce film raconte l'histoire de leurs destins croisés, ou comment la célébrité, l'orgueil et l'argent peuvent être autant d'obstacles à leur histoire d'amour.



J'ai beaucoup aimé ce film que j'ai été voir il y a huit jours. Je craignais que le tapage médiatique qui entoure sa sortie soit un peu surfait, mais en fait, pas du tout ! C'est un film qui rend un très bel hommage au cinéma en évoquant le passage du muet au parlant, et rien que pour cela, il mérité d'être vu.



D'autres réalisateurs l'avaient fait avant, comme Stanley Donen dans Chantons sous la pluie ou Billy Wilder dans Sunset Boulevard. Michel Hazanavicius parvient à ne pas tomber dans la redite, grâce à une manière de filmer en phase avec le présent, et très maîtrisée. Il n'y a pour ainsi dire presque pas de dialogues dans The Artist, tourné en noir et blanc, mais chaque scène est une petite merveille d'émotion, d'intelligence et d'humour. Le duo d'acteurs est formidable, et les références aux films d'autrefois extrêmement bien amenées.



J'ai particulièrement apprécié les scènes oniriques, avec le portemanteau, le cauchemar de Jean Dujardin qui n'arrive pas à parler, ou encore la scène où il est ivre et où sa conscience s'adresse à lui.



A voir, vraiment !

mercredi 12 octobre 2011

BBC's Emma 2009

Ce blog ressemble de plus en plus à une suite de come back plus ou moins réussis... j'ai l'impression d'avoir de moins en moins de temps à consacrer à la lecture et à la rédaction de billets, mais je m'accroche courageusement.

Ce mois de septembre - qui correspond pour moi à une nouvelle ville et une nouvelle vie - a été l'occasion pour moi de regarder enfin l'adaptation la plus récente d'Emma, le célèbre roman de Jane Austen. Ce period drama est enfin sorti en dvd en France, et vaut assurément le détour !



J'avais vu il y a un certain temps déjà les adaptations précédentes, qui datent des années 1990, mais malgré leurs indéniables qualités, je leur préfère largement cette adaptation télévisée beaucoup plus aboutie.

En regardant cette adaptation, j'ai été éblouie par le choix des décors et des costumes, dont les tons sont très lumineux et colorés. La musique est très belle, et participe à l'atmosphère extrêmement agréable de cette série, dont l'univers est particulièrement solaire.

Je suis très admirative de la qualité du scénario, qui est très fidèle à à l'intrigue austenienne, et qui rend parfaitement compte du caractère des différents personnages du livre en proposant quelques scènes inédites - en particulier au début, avec le récit de l'enfance de certains des protagonistes, ce qui permet d'éclairer leur psychologie.

Les comédiens sont tout bonnement excellents.

Romola Garai campe une Emma plus espiègle et plus juvénile que le souvenir que j'avais gardé du roman ; elle se comporte en enfant gâtée, mais sa tendresse pour son père et son souci des autres (même si elle l'exprime de manière parfois très maladroite) la rendent à la fois drôle et touchante. Son Emma est finalement plus sympathique que celle du roman, mais ce n'est pas un reproche. J'avoue que dans certaines scènes, le jeu de Romola Garai m'a un peu surprise (en particulier lorsqu'elle écarquille les yeux et rit de façon très juvénile).

Johhny Lee Miller incarne un très bon Mr Knightley, il est très crédible et les scènes où lui et Emma s'envoient des piques sont parmi mes préférées.

Michael Gambon est quant à lui absolument génial ; son Mr Woodhouse m'a beaucoup fait rire, alors que celui du roman a souvent tendance à m'exaspérer. C'est un personnage à la fois drôle et touchant ; j'aime beaucoup la scène où il interdit aux enfants de toucher au gâteau de mariage, au motif que c'est mauvais pour la santé, ou encore lorsqu'il sort avec deux écharpes alors qu'il fait très chaud !

J'ai également beaucoup apprécié l'acteur qui joue Mr Elton ; il suggère à merveille la prétention et la vanité de son personnage.

Jane Fairfax, Harriet Smith Frank Churchill et Miss Bates sont également fort bien joués. J'ai apprécié qu'on ne sombre pas dans la caricature avec Miss Bates ; l'actrice qui la joue le fait de manière très subtile. Idem pour Harriet Smith. Le personnage de Frank Churchill m'a franchement exaspérée sur la fin ; je trouve qu'il s'en tire finalement un peu trop bien par rapport à ce qu'il a fait... Jane Fairfax est très bien.

Quelques bémols : une scène de bal un tout petit peu en dessous de mes attentes, je m'attendais à être davantage emballée. Et une fin un tout petit peu expédiée à mon goût. Mais ce n'est vraiment rien au regard de cette adaptation extrêmement cohérente et agréable à regarder. Un vrai coup de coeur !