Le détective privé Sam Spade et son associé Miles Archer sont contactés par Brigid O'Shaughnessy pour réaliser une filature sur un homme, Floyd Thursby, qui est supposé avoir fui avec sa jeune sœur. L'accord est conclu ; mais cette nuit là, Spade reçoit un coup de fil de sa secrétaire, Effie, qui lui apprend qu'Archer a été tué en filant Thursby. Peu après, au milieu de la nuit, deux officiers de police rendent visite à Spade pour l'interroger sur son emploi du temps des dernières heures. Spade est sur la défensive et les questionne sur l'objet réel de leur visite. Les officiers l'informent qu'Archer a été tué quelques heures auparavant ainsi que Thursby et que Spade est suspecté...
Difficile de dire en quoi réside le charme du Faucon Maltais, considéré comme l'archétype du film noir, un genre qui doit beaucoup aux auteurs de polars américains des années 1940, Raymond Chandler ou encore Dashiell Hammet (c'est d'ailleurs un roman de ce dernier qui servit de support scénaristique au film).
Le Faucon Maltais met en scène Humphrey Bogart dans son premier grand rôle, celui de Sam Spade, détective privé, l'acteur ayant jusqu'alors été confiné aux rôles de seconds couteaux et de petites frappes. Il impose sa dégaine et son style à ce nouveau type de héros (ou d'antihéros), cynique, lucide, violent et désespéré.
Sam Spade ne tarde pas à découvrir que le "responsable" de cette série de meurtres est un objet qui suscite bien des convoitises : le faucon maltais, un oiseau en or recouvert d'émail noir datant de l'époque des Croisades, qu'un certain nombre d'individus louches voudraient bien s'approprier, et ce à n'importe quel prix.
C'est l'occasion pour John Huston de donner vie à toute une galerie de personnages monstrueux : Mary Astor en menteuse pathologique, Peter Lorre -impressionnant - en bandit efféminé, Elisha Cook Jr en porte-flingue inquiet et maladroit, Sidney Greenstreet -souverain - en obèse perfide sont tous impeccables.
Aux surprises que réserve un scénario alambiqué, Le Faucon Maltais ajoute des cadrages soignés qui doivent beaucoup à l'expressionnisme allemand - par exemple, le reflet sur le sol de l'inscription qui figure sur la porte vitrée du détective privé, ou encore les visages filmés en gros plan en caméra subjective lorsque le personnage incarné par Elisha Cook Jr se réveille à la fin du film.
Sans compter tous les ingrédients qui deviendront la marque du film noir : atmosphère urbaine et étouffante, héros détective désabusé, seul garant de la morale et du bien dans un monde dominé par le mal, la corruption et la violence, et profonde méfiance vis-à-vis des femmes : Mary Astor (très éloignée du charme canaille qu'aura plus tard Lauren Bacall) a beau avoir les caractéristiques de la petite fille bien sage, elle n'en demeure pas moins une femme fatale et avide, qui cause la perte des hommes qu'elle croise sur son passage.
La fin du film confronte d'ailleurs les personnages à leurs aspirations, et oblige le héros à choisir entre ses valeurs morales et l'objet de son affection, acquérant par là une dimension presque métaphysique qui transcende le genre convenu auquel il aurait pu se contenter d'appartenir.
Très beau billet, Popila!
RépondreSupprimerIl y a longtemps que j'ai vu ce film. (mon deuxième Humphrey Bogart!) J'en garde un bon souvenir mais je ne me souvenais pas très bien de l'intrigue, hélàs.
Tu me donnes envie de le revoir!
Merci, Jo ! ;)
RépondreSupprimerL'intrigue de ce film est très alambiquée, tout comme celle du "Grand Sommeil".
As-tu vu "Casablanca" ?
Oui, c'est mon premier Humphrey Bogart!^^ J'ai aimé ce film mais je n'ai pas eu un réel coup de coeur même si j'ai trouvé certaines scènes absolument sublimes!
RépondreSupprimerCela fait longtemps que je l'ai vu, moi aussi. ;)
RépondreSupprimerJ'aime bien ce film, même si j'aurais préféré que l'on donne le rôle d'Ingrid Bergman à une autre actrice ; j'ai du mal à comprendre ce que les deux acteurs du film lui trouvent ; je la préfère dans "Notorious".
Miss Popila, qu'aurait été le film avec Michèle Morgan qui s'est payé le luxe, et la grosse erreur, de refuser le rôle! I. Bergman a enchainé avec ''Pour qui sonne le glas'' également prévu pour notre Michèle nationale, puis avec deux Hitchcock!!Michèle Morgan a essayé de rattraper le coup avec ''Passage to Marseille''avec exactement les mêmes ingrédients. Mais la mayonnaise n'a pas pris. Dépitée, y a de quoi, elle est rentrée en France. A défaut des sables du Maroc, elle aura les neiges des Alpes suisses!!!
RépondreSupprimerPour en revenir au ''Faucon Maltais'': formidable duo Peter Lorre-Sydney Greenstreet qui se reformera dans Casablanca, Les Conspirateurs, Passage to Marseille, Le Masque de Démétrios (beau film noir injustement méconnu)
Baron, votre culture cinématographique force l'admiration !
RépondreSupprimerEt nous sommes d'accord avec vous, Michèle Morgan aurait été bien inspirée d'accepter le rôle, elle qui malheureusement enchaîna les navets à Hollywood avant de revenir dans la mère patrie...
Néanmoins, Ingrid est très supportable, remarquable même, réussissant même, un comble, à nous faire trouver Cary Grant particulièrement odieux dans ce film, lui qui passe son temps à la rabrouer et à la rabaisser, jusqu'au dénouement final...
Et dans "Spellbound", elle n'est pas mal non plus.
J'ai vu que vous nous aviez concocté un quiz diabolique chez notre consoeur de Soyons-Suave... sur lequel je sèche lamentablement depuis que vous l'avez lancé.
Un indice, Monsieur le baron : please !
je pense que le meilleur quizz de Soyons-suave est de savoir si c'est une consoeur ou un confrère!! J'ai un avis différent du votre...sans davantage de preuve...
RépondreSupprimerMmh... possible. ;)
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