Dans le cadre du Secret Santa organisé sur Whoopsy Daisy, j'ai reçu un certain nombre d'ouvrages de Summerday que je me suis empressée de découvrir pendant les vacances. Le premier d'entre eux est Snobs, de Julian Fellowes.
Ce livre est une féroce et cruelle satire de l'aristocratie anglaise, et de ceux qui ne rêvent que d'une chose, en faire partie.
La particularité de ce roman, c'est que l'action se situe à notre époque, même si la société qui y est décrite a conservé, par bien des aspects, les moeurs des siècles passés.
Bien qu'ils présentent des aspects fort antipathiques, on s'attache aux deux personnages principaux, Edith Lavery, une jeune roturière pleine d'ambition, dont la mère a trop lu les romans de Barbara Cartland, et au narrateur, dont on découvre peu à peu qu'il appartient à ce milieu aristocratique, tout en exerçant la profession de comédien dans des séries télévisées de second ordre.
Edith Lavery fait tout pour épouser le comte Charles Broughton, qui n'a rien d'extraordinaire, si ce n'est son titre, sa position sociale et sa richesse. D'abord aux anges, Edith ne tarde pas à s'ennuyer, entre les interminables parties de chasse, les thés de bienfaisance chapeautés par sa belle-mère, Googie, et son mari, dont la conversation est aussi terne que ses prouesses sexuelles ; c'est pourquoi elle ne tarde pas à s'enticher de Simon Russel, un acteur de seconde zone, extrêmement beau, mais aussi extraordinairement peu futé...
L'analyse sociale est très fine, et percutante. On pense beaucoup à Madame Bovary de Flaubert dans la manière dont l'héroïne est décrite (comme Emma, Edith ira d'illusions en désillusions) et à La Recherche de Proust, qui adorait épingler le snobisme de ses contemporains. L'intrigue du livre m'a aussi par moment fait penser aux Boucanières d'Edith Wharton, qui aborde des thèmes similaires.
En revanche, même si c'est très bien écrit, je ne placerai pas le livre de Julian Fellowes au même niveau, même si je ne saurai pas trop expliquer pourquoi.
Peut-être parce que le style m'a davantage fait penser aux moralistes du XVIIème siècle (c'est écrit dans un style très classique, même s'il y a des références à des choses très contemporaines) : du coup, ça a un petit quelque chose de sec qui n'est pas pour me déplaire, mais le livre n'a pas l'ampleur des romans fleuves du XIXème siècle.
Peut-être aussi parce que les scènes de sexe, relativement explicites et réalistes ancrent ce livre dans quelque chose de contemporain (dans un livre plus ancien, l'auteur aurait procédé par allusion, mais n'aurait pas décrit ces scènes intimes) : à ce propos, je trouve que les Anglais, lorsqu'ils décrivent ce type de scènes, sont assez crus et cliniques (je pense à la scène de la bibliothèque dans Expiation de Ian MacEwan, ou à son roman plus récent sur le mariage dont j'ai oublié le titre) et pas du tout poétiques.
Bref, un roman captivant, qui m'a fait songer au travail de Posy Simmonds qui a elle aussi proposé une réécriture de Madame Bovary auquel le roman de Julian Fellowes peut faire penser, par bien des aspects (mais la fin de Snobs est assez différente de celle proposée par Flaubert).
Je veux le lire depuis longtemps, mais je n'en ai pas encore eu l'occasion! Ton billet le fait remonter sur ma liste!
RépondreSupprimer