La Première Guerre mondiale vient de s’achever. À l’issue des ses études à Cambridge, Judith Earle, jeune fille de 18 ans, regagne la grande maison familiale au bord de l’eau. Elle assiste au retour de ses voisins, les cousins Fyfe, qu’elle a idolâtrés tout au long de son enfance solitaire. Dans une mosaïque qui fait alterner passé et présent, le lecteur est témoin du douloureux apprentissage sentimental de Judith qui, tour à tour, à des moments différents de sa courte existence, est tombée amoureuse de chacun des cousins… pour finir irrémédiablement déçue.
J'ai fini de lire Poussière de Rosamond Lehmann il y a quelques semaines. Bilan des courses ? Je ne sais pas trop si j'ai aimé ce roman ou pas. Je crois quand même que je l'ai apprécié. A vrai dire, je ne connaissais pas du tout cet auteur, et je ne savais pas trop à quoi m'attendre...
Poussière met en scène une jeune fille, Judith, et ses altermoiements amoureux. Elevé dans une quasi solitude - elle ne découvrira la vie en collectivité que fort tard, à Cambridge, et ses relations avec ses parents, même si elle aime beaucoup son père, sont assez distantes (il n'en est pour ainsi dire presque pas question dans le roman, ou fort tardivement). Judith est fascinée depuis l'enfance par la famille Fyfe qui vient passer ses vacances dans la maison d'à côté : Charlie, Mariella, Martin, Julien et Roddy, qui sont tous plus ou moins frères et cousins. Tout cela se déroule au lendemain de la seconde guerre mondiale, à la campagne, dans un milieu aisé.
En fait, ce qui est intéressant dans ce roman, c'est moins l'intrigue que la façon dont Rosamund Lehmann se fait le peintre de l'âme humaine et d'une nature toujours en fleur. Enfin, peintre est un bien grand mot, étant donné qu'elle décrit des sensations toujours en mouvement, et ce avec une grâce et un talent remarquables. J'ai beaucoup aimé certaines scènes, en particulier celle des jeunes gens qui font du patin à glace au début de la Deuxième partie, je crois. J'ai également bien aimé la partie qui se déroule à Cambridge, qui m'a parue beaucoup plus vivante et m'a fait penser à Maurice d'E.M. Forster, ou encore ou début de Retour à Brideshead, d'Evelyn Waugh, deux romans qui décrivent la vie à l'université. Rosamund Lehmann en propose une version féminine cette fois.
Judith, le personnage principal, accorde sans doute trop d'importance à ces voisins occasionnels, et aux rêveries et fantasmes qu'ils suscitent en elle. Elle vit à travers le regard qu'ils portent sur elle, et pour eux plutôt que pour elle-même. Elle voudrait avoir autant d'importance à leurs yeux qu'eux en ont pour elle.
L'Histoire avec un grand H est curieusement absente du roman, même si la première guerre mondiale apparaît en filigrane (elle tue Charlie, le plus séduisant et les plus faible de la famille Fyfe, qui avait épousé Mariella avant la guerre, et qui a eu un enfant de lui, Peter ; elle affecte les nerfs de Julien, qui apparaît comme celui ayant la sensibilité la plus exacerbée). Le fait que Judith, une femme, puisse étudier, montre aussi l'évolution des moeurs.
L'amitié de Judith avec Jennifer est ambiguë, comme le montrera la fin du livre, mais Judith est d'une telle candeur, d'une telle innocence, qu'elle ne s'en rend pas compte, ou ne veut pas le voir. Elle est amoureuse de Roddy, qui apparaît comme quelqu'un d'assez désinvolte (le roman suggère qu'il est davatantage intéressé par un garçon de son âge, Tony). Quoique belle et intelligente, Judith est inexpérimentée, elle est amoureuse de la famille Fyfe et voudrait se l'approprier, c'est pourquoi elle se tournera tour à tour vers Roddy, le bon Martin, Julien, qui la feront souffrir et réciproquement, avant de recevoir plusieurs révélations ou confirmations grâce aux lettres de Julien, Mariella et Jennifer à la fin du livre. Une fin qui nous laisse une héroïne terriblement désillusionnée, mais aussi, d'une certaine manière, libérée de la tyrannie d'elle-même et des autres : à elle s'ouvrent enfin tous les possibles...J'ai fini de lire Poussière de Rosamond Lehmann il y a quelques semaines. Bilan des courses ? Je ne sais pas trop si j'ai aimé ce roman ou pas. Je crois quand même que je l'ai apprécié. A vrai dire, je ne connaissais pas du tout cet auteur, et je ne savais pas trop à quoi m'attendre...
Poussière met en scène une jeune fille, Judith, et ses altermoiements amoureux. Elevé dans une quasi solitude - elle ne découvrira la vie en collectivité que fort tard, à Cambridge, et ses relations avec ses parents, même si elle aime beaucoup son père, sont assez distantes (il n'en est pour ainsi dire presque pas question dans le roman, ou fort tardivement). Judith est fascinée depuis l'enfance par la famille Fyfe qui vient passer ses vacances dans la maison d'à côté : Charlie, Mariella, Martin, Julien et Roddy, qui sont tous plus ou moins frères et cousins. Tout cela se déroule au lendemain de la seconde guerre mondiale, à la campagne, dans un milieu aisé.
En fait, ce qui est intéressant dans ce roman, c'est moins l'intrigue que la façon dont Rosamund Lehmann se fait le peintre de l'âme humaine et d'une nature toujours en fleur. Enfin, peintre est un bien grand mot, étant donné qu'elle décrit des sensations toujours en mouvement, et ce avec une grâce et un talent remarquables. J'ai beaucoup aimé certaines scènes, en particulier celle des jeunes gens qui font du patin à glace au début de la Deuxième partie, je crois. J'ai également bien aimé la partie qui se déroule à Cambridge, qui m'a parue beaucoup plus vivante et m'a fait penser à Maurice d'E.M. Forster, ou encore ou début de Retour à Brideshead, d'Evelyn Waugh, deux romans qui décrivent la vie à l'université. Rosamund Lehmann en propose une version féminine cette fois.
Judith, le personnage principal, accorde sans doute trop d'importance à ces voisins occasionnels, et aux rêveries et fantasmes qu'ils suscitent en elle. Elle vit à travers le regard qu'ils portent sur elle, et pour eux plutôt que pour elle-même. Elle voudrait avoir autant d'importance à leurs yeux qu'eux en ont pour elle.
L'Histoire avec un grand H est curieusement absente du roman, même si la première guerre mondiale apparaît en filigrane (elle tue Charlie, le plus séduisant et les plus faible de la famille Fyfe, qui avait épousé Mariella avant la guerre, et qui a eu un enfant de lui, Peter ; elle affecte les nerfs de Julien, qui apparaît comme celui ayant la sensibilité la plus exacerbée). Le fait que Judith, une femme, puisse étudier, montre aussi l'évolution des moeurs.
C'est un roman difficile à appréhender, parce que parfois insaisissable ; il porte malgré lui les traces de la sensibilité qui l'a vu naître - ces gens extrêmement raffinés et cultivés, ces descriptions de corps jeunes et beaux, ce goût pour pour la nature, les fleurs et l'eau font songer à la poésie et à la peinture symboliste, et à l'art nouveau ; cette analyse fine et précise de l'amour, de l'adolescence et de l'amitié, à certains passages de La Recherche - Rosamund Lehmann et Marcel Proust ont parfois la même prose lumineuse, comme impressionniste ; certaines de ses descriptions font d'ailleurs penser aux peintres de ce mouvement, tant par leurs thèmes (déjeuner sur l'herbe, promenade en barque, etc) que par la manière dont elles sont menées (d'une certaine manière, Rosamund Lehmann est un peintre des impressions, dont la nature est d'être changeantes).
Le projet de Rosamund Lehmann fait également songer à l'entreprise de ses contemporains, Virginia Woolf et consorts, qui s'efforçaient de décomposer les sensations et de remettre en cause les codes et conventions romanesques. Sauf que Rosamond Lehmann est beaucoup moins intellectualiste que Virginia Woolf, et c'est tant mieux - il faut dire que je ne suis pas une très grande fan de Virginia Woolf, dont les écrits m'obligent à beaucoup de concentration, et qui en général me fichent la migraine. Rosamund Lehmann est plutôt à l'image de ses deux héroïnes - Jennifer et Judith - à la fois sensible et sensuelle.
C'est un roman de débutante, qui s'inspire sans aucun doute de la vie intérieure de son auteur, avec des fautes de débutante (par moment, certains dialogues sont quand même hautement improbables, on pourrait presque croire que c'est Judith qui en invente les réponses, tant on ne voit pas les gens parler comme ça "dans la vraie vie"), des longueurs, l'absence d'une intrigue vraiment reserrée, mais écrit avec beaucoup de talent, indéniablement.
Une photographie de Rosamond Lehmann, de son frère et d'un ami de la famille (?) qui pourrait très bien servir d'illustration au roman :
Livre offert par Summerday dans le cadre du Secret Santa organisé sur Whoopsy Daisy, et recommandé par Emjy, dont voici le billet :
L'avis d'Emjy
Je suis en train de le lire (à la moitié environ) et c'est vrai que c'est magnifique, délicat et plein de sensibilité !
RépondreSupprimerJe ne sais pas quoi penser de cette auteure dont je lis beaucoup de bien souvent et que je devrais lire pour m'en faire une idée. Je n'ai pas encore franchis le pas.
RépondreSupprimerJe n'ai jamais lu l'auteure mais il y a un bon moment que je veux la découvrir. Et à la façon dont tu la décris, je pense que ça me plairait...
RépondreSupprimerJ'ai lu quelques uns de ses livres, entre autres, "Poussière", "Invitation à la valse et intempéries, "Le jour enseveli". J'aime beaucoup cet auteur qui décrit souvent la complexité des sentiments avec une grande habilité.
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerl'ami barbu présent sur la photo est probablement Lytton Strachey, ami de Virginia Woolf et qui faisait partie du Boomsbury Group.