mardi 7 décembre 2010

Cléopâtre, de Joseph Mankiewicz (1963).

J'ai disparu de la blogosphère pendant 15 jours, mais me revoilà, avec de nouveau un long billet sur ce film pour le moins monumental. ;)

Ce peplum faillit plonger le studio de cinéma qui le produisit dans un gouffre financier, et son tournage se révéla aussi rocambolesque et épique que l'histoire qu'il met en scène, entre les problèmes rencontrés dans les studios de Londres - la pluie oblige les peintres à repeindre les décors tous les jours, et Elizabeth Taylor tombe malade - et ceux rencontrés en Italie - la liaison entre Elizabeth Taylor et Richard Burton déclenche un énorme scandale.

Le film faisait au départ 6 heures, avant d'être ramené à 4 heures, puis à deux. Des bobines ont été perdues, mais on peut aujourd'hui voir la version de 4 heures en dvd (pour l'anecdote, c'est à Londres que fut projetée la version de 2 heures, et Elizabeth Taylor, invitée à la première, fut obligée de sortir pour aller vomir aux toilettes, tant cette version lui parut tronquée et misérable ; elle avait l'impression que toutes les scènes où elle se jugeait bonne étaient passées à la poubelle).



Première partie :

En 48 avant Jésus-Christ, l'Empire Romain et l'Égypte sont secoués par deux crises parallèles ; d'une part, la guerre civile au cours de laquelle César (Rex Harrison) est victorieux de Pompée ; d'autre part, Ptolémée et Cléopâtre (Elizabeth Taylor), tous deux héritiers régnants, se disputent la couronne.

César qui a intérêt à ce que l'Égypte soit prospère, va mettre de l'ordre à Alexandrie. Cléopâtre le séduit. Il la met sur le trône et repart à Rome. Elle le rejoint deux ans plus tard. Et c'est la conspiration contre César et son assassinat par Brutus (Kenneth Haigh) lors des Ides de Mars. La reine d'Égypte regagne alors son pays.




Cette partie est intéressante, parce qu'elle permet l'introduction du personnage de Cléopâtre, qui parvient à entrer dans le palais d'Alexandrie enroulée dans un tapis. Elle est présentée à César, ce qui nous vaut un joyeux marivaudage. Le réalisateur et scénariste, Mankiewicz (qui tournait le film le jour et écrivait le scénario la nuit, ce qui était tellement épuisant qu'à la fin il fallait lui faire des piqûres pour qu'il tienne le coup) s'est inspiré des données historiques, de la pièce Jules César de Shakespeare, mais aussi d'une pièce de George Bernard Shaw. Les répliques sont savoureuses, et c'est dans cette partie du film que se trouve la scène la plus spectaculaire, l'entrée de Cléopâtre à Rome (bon, évidemment, ça rend mieux en dvd ) :



Une scène qui sera parodiée par Uderzo et Goscinny...



En réalité, cette scène relève de la pure fiction ; si Cléopâtre a bien séjourné à Rome, elle n'y a pas fait une entrée spectaculaire, mais la scène illustre son habileté politique : elle parvient à rallier le peuple à sa cause. Malheureusement, Rome n'est pas prête à adopter ses rêves de grandeur et à accepter Jules César pour roi, c'est pourquoi il est assassiné. Le film bascule dans la tragédie.

*

Deuxième partie :

Deux ans après, les meurtriers de César sont tous tombés sous les coups de Marc-Antoine (Richard Burton) le vengeur, qui gouverne maintenant en triumvirat avec Lépide et Octave (Roddy McDowall). Mais ce dernier n'aime pas Marc-Antoine et lorsque celui-ci, parti à son tour en Égypte, épouse Cléopâtre, il dresse Rome contre Alexandrie. Et c'est la bataille d'Actium où Marc-Antoine, après avoir abandonné la flotte écrasée, fuit pour rejoindre Cléopâtre. Il est déshonoré et abandonné par ses soldats lorsqu'il veut livrer bataille à Octave, en Égypte. L'ennemi refusant de le tuer en soldat, il se suicide avec Cléopâtre.




La deuxième partie du film est beaucoup plus dynamique que la première : Rex Harrison campait un César ironique et vieillissant ; Marc-Antoine, incarné par Richard Burton, a une personnalité bien différente. Fou amoureux d'Elizabeth Taylor, et réciproquement, cette alchimie exceptionnelle se ressent dans le film, qui du coup devient beaucoup moins statique. La relation entre Cléopâtre et Marc-Antoine est électrique ; à nouveau, des scènes spectaculaires (la bataille navale d'Actium) et une fin extrêmement noble et poignante des deux protagonistes. Le scénario est fidèle à l'histoire antique et à ce que raconte Plutarque ; Mankiewicz s'est également servi de la pièce de Shakespeare, Antoine et Cléopâtre. Je dirais que la dernière heure du film est sans doute la meilleure, car le reste souffre d'un caractère un peu trop théâtral et de quelques longueurs.

Malgré tout, cela reste un bon film, comme on n'en fera sans doute plus jamais, avec des décors et des figurants très nombreux, et un projet très ambitieux. Les trois acteurs principaux sont bons, mention spéciale à quelques rôles secondaires, Martin Landau dans le rôle de Ruffio, le second de César, et Roddy McDowall dans le rôle d'Octave, qui a droit à une scène à la fin, où il est magnifique.



En somme, un film assez fascinant.

4 commentaires:

  1. Heureux de vous voir de retour :)et avec un monument. Encore un film dont le tournage mériterait un film... Il est encore aujourd'hui difficile de réaliser le nombre d'actrices qui ont été à ça de devenir reine d'Egypte à la place de Liz : Marilyn, Susan Hayward, Kim Novak, Sophia Loren et Joan Collins...

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  2. Heureuse moi aussi de retrouver l'univers d'internet. ;)

    Le tournage de "Cléopâtre" est au moins aussi intéressant que le film ; je sais que Marilyn jalousait beaucoup Liz à cette époque ; il faut dire que la Fox cédait à tous les caprices de Liz et que Marilyn se voyait contrainte de jouer dans des films qu'elle jugeait sans intérêt.

    Je change de sujet, mais j'ai été jeter hier un coup d'oeil sur votre blog, et j'ai vu que vous proposiez une compilation pour Noël : je suis très intéressée, mais reste-t-il de la place (après le bug qui s'est produit l'autre jour à 20h)? Et si oui, que faut-il faire ?

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  3. En tout cas je rêve que quelqu'un retrouve les rushes (qui ont disparus ou ont été détruit) de la version de 6h pour voir le film complet rêvé par Mankiewicz. En l'état c'est déjà assez énorme alors...

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  4. Miss Popila c'est très simple : une adresse où l'envoyer à soyons-suave@hotmail.fr ... et suave sans "s", cause nombreux messages non arrivés.

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