mercredi 10 octobre 2012

Vita Sackville-West.

Vita Sackville-West est une Anglaise, auteur de plusieurs romans, connue notamment pour la relation amoureuse qu'elle aurait entretenue avec Virginia Woolf.


J'ai lu trois de ses romans : Toute passion abolie, Plus jamais d'invités ! et dernièrement, grâce à Akina (alias Céline, du Blog Bleu) Haute Société.

J'ai plutôt bien aimé ces trois romans, qui révèlent la grande finesse d'écriture de leur auteur.


Toute passion abolie est l'histoire d'une dame Lady Slane de quatre-vingt huit ans, mère de six enfants, qui décide à la mort de son époux de vivre enfin sa vie, en faisant le choix de la solitude.

Le sujet est mince, mais c'est merveilleusement écrit et analysé, sans jamais être ennuyeux.

J'aimerais beaucoup voir ce livre adapté au cinéma : cette vieille dame issue de la bonne société qui décide, une fois devenue veuve, de vivre enfin sa vie après avoir été au service de la carrière politique de son mari pendant des années a quelque chose d'à la fois très drôle et très émouvant...

Les amis qu'elle se fait sont attachants, de même que sa relation à sa servante.

La façon dont elle décide, en tout bien tout honneur, de flouer ses descendants d'un héritage considérable est assez savoureuse...

Cette vieille dame a une sensibilité qui en fait quelqu'un d'à part. Après avoir abandonné son rêve de devenir peintre lorsqu'elle était jeune, sa confrontation avec sa nièce a quelque chose de touchant : c'est au passage de relai d'une génération à l'autre qu'on assiste, avec l'espoir qu'ont fait naître les changements sociaux des années 1920, qui autorisent enfin les femmes à mener une vie plus indépendante.


Plus jamais d'invités ! est un petit livre court, qui se lit facilement. Au fur et à mesure de l'histoire, on découvre que Rose, une femme dont les origines sont plutôt modestes, a accepté, en épousant Sir Walter, de ne jamais avoir de relations sexuelles avec lui, et de ne jamais se livrer à des effusions sentimentales. A quarante-deux ans, elle est donc toujours vierge, et on peut supposer que son mari aussi... Aux yeux de tout le monde, ils passent pour le couple parfait, mais cette façade va se craqueler au cours d'un week-end de Pâques où des proches et des amis sont invités dans leur magnifique demeure d'Anstey.


Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'intrigue de départ est plutôt originale; le problème, c'est que même si le style de l'auteur est extrêmement fluide et son analyse des caractères subtile, beaucoup de choses présentent quand même un caractère soit invraisemblable, soit insignifiant. La fin m'a interpellée, car le château brûle : on pense inévitablement au dénouement de Jane Eyre et, plus tard, de Rebecca. Dans les trois cas, l'incendie permet une regénérescence.
Bref, ça se lit agréablement, mais l'intrigue aurait mérité d'être davantage "creusée".


J'ai poursuivi ma découverte de Vita Sackville-West avec Haute Société.

Evelyn Jarrold est une femme comblée. Âgée de trente-neuf ans, riche, veuve depuis quinze ans d'un homme qu'elle n'aimait pas, dotée d'un fils tendre et brillant qu'elle adore, aimée de tous, et surtout de sa belle famille, coqueluche de la Haute Société, elle tombe amoureuse de Miles Vane-Merrick, un jeune député, aristocrate et réformiste, de quinze ans plus jeune qu'elle. C'est le début d'une étrange histoire d'amour entre le député dévoué à son oeuvre, et Evelyn, plus soumise aux exigences de sa classe qu'elle ne le pensait.

J'ai beaucoup apprécié ce récit, sa finesse d'écriture, et sa justesse dans sa façon de décrire les classes sociales et la psychologie des personnages. J'ai été moins sensible à l'histoire d'amour et la fin m'a mise mal à l'aise - mourir d'amour ? - Il n'y a guère que dans les romans que ce genre de choses arrive. ^^ Mais les personnages secondaires sont très bien brossés et permettent de mieux appréhender l'histoire de la société anglaise, et c'est passionnant.

2 commentaires:

  1. un bien joli billet.... qui me donne envie de relire Sackville-West et ses personnages en demi-teinte. ;-)

    RépondreSupprimer
  2. J'ai beaucoup aimé toute passion abolie avec la finesse de la psychologie. J'ai aussi dans ma PAL Plus jamais d'invités : je découvre l'intrigue en lisant ton billet... En ce qui concerne ta dernière réflexion, je suis tout à fiat d'accord ! On ne meurt d'amour que dans les romans ! Je crois vraiment à la théorie de la cristallisation de Stendhal et de la décristallisation de Gide !

    RépondreSupprimer