dimanche 8 août 2010

Inception, de Christopher Nolan.


J'ai vu Inception il y a quelques semaines (en VF), et j'avoue avoir été passablement bluffée par ce film.

Habituellement, les blockbusters américains ne m'attirent pas spécialement - c'est même plutôt le genre de film que je fuis - mais Inception me tentait depuis qu'Emjy avait posté deux trois infos dessus sur Whoopsy Daisy.

Et je n'ai pas été déçue.




Le scénario d'Inception est extrêmement complexe, et ce dès l'ouverture, puisque le spectateur met du temps à comprendre que les premières images du film relèvent d'une succession de rêves emboîtés.

Ce qui m'a plu dans ce film, c'est la représentation de l'imaginaire humain de manière spatiale, avec une grande importance accordée aux décors urbains, et le rôle de l'ascenseur à l'intérieur de cette structure.

Inception réécrit le mythe de Thésée en proposant une nouvelle version du labyrinthe antique que le personnage de Cobb, incarné par Leonardo di Caprio, ne pourra affronter qu'avec une nouvelle Ariane, la jeune étudiante jouée par Ellen Page.

Le réalisateur s'est également intéressé de près à ce que Freud a pu dire sur le rêve, et cela a joué un rôle dans l'écriture du scénario - moins tout de même que dans La maison du Docteur Edwardes (Spellbound) de Hitchcock, qui s'appuie quant à lui sur certaines peintures de Dali pour explorer l'inconscient des personnages.


La musique m'a également beaucoup plu, en particulier lorsque le compositeur, Hans Zimmer, réutilise un morceau d'Edith Piaf pour permettre le réveil des personnages : "Non, rien de rien..." : il fallait oser !


Les comédiens, d'une manière générale, sont excellents : Léonardo di Caprio en tête, mais ses acolytes également. L'esthétique du film se veut assez internationale, étant donné les lieux qui ont été choisis pour le tournage.


La façon dont le film fonctionne m'a rappellé les films dont le sujet est un hold up, puisque comme dans ce type de film très codifié, les personnages d'Inception montent un casse pour s'introduire dans la tête de quelqu'un (mais au lieu de lui voler quoi que ce soit, ils veulent introduire dans la cervelle de ce personnage une idée).


Inception est par ailleurs un film qui se nourrit de références discrètes à des films antérieurs - je pense en particulier à la scène où Léonardo di Caprio échoue sur la plage au début du film, image d'ailleurs reprise à la fin (je n'ai pas réussi à identifier l'origine de cette image, mais je suis à peu près persuadée qu'elle fait référence à un autre film - Tant qu'il y aura des hommes, peut-être ?)

On pense également à Hitchcock dans la manière qu'a Christopher Nolan de filmer tous ces complexes urbains aux lignes horizontales et verticales extrêmement symétriques, mais aussi, pour les scènes d'action, aux films mettant en scène James Bond, dont le réalisateur dit effectivement s'être inspiré.

Aux dires du réalisateur et des acteurs, la thématique du film (le rêve) et sa fin extrêmement ambiguë (réalité ou fiction ?) font d'Inception un film sur le cinéma, vu comme "un rêve partagé". Et effectivement, si l'on réfléchit bien, c'est toute l'équipe qui sert à réaliser un film qui est métaphoriquement désignée par chacun des protagonistes de cette histoire.

En somme, Inception se révèle être un film d'action et un blockbuster extrêmement intéressant grâce au talent du réalisateur, lui-même à l'origine du scénario, et des comédiens, les effets spéciaux étant exclusivement au service du scénario, ce qui est suffisamment rare pour être souligné. Ses thématiques et son traitement original en font un film d'auteur tout à fait fascinant et singulier, puisque le réalisateur parvient à mettre en images des notions extrêmement difficiles à représenter (le rêve, l'inconscient, le subconscient, les idées), et qu'il se sert de codes cinématographiques apparemment complètement étrangers à ces notions pour les représenter de manière extrêmement convaincante (film de hold-up, d'action, etc).

Quelques bémols quand même : certains scènes m'ont parues un peu longues, en particulier lorsque le film retrouvait son côté "film d'action", avec beaucoup de fusillades assourdissantes. Même chose avec les scènes qui se déroulent dans des montagnes enneigées, avec des gens revêtus de combinaison d'un blanc éblouissant, ce qui, à la longue, est très fatigant à regarder. Je me suis également demandé si le scénario, un rien trop complexe par moment, n'aurait pas gagné à être un peu simplifié, et si le rôle de Marion Cotillard, qui s'en sort plutôt bien, n'aurait pas pu être un peu plus consistant et étoffé, car même s'il ne s'agit au final que d'une projection d'un des personnages, elle manque singulièrement de profondeur.

2 commentaires:

  1. Vu récemment aussi et beaucoup aimé (assez fan de ce que fait Nolan fénéralement), à propos de la musique de Hans Zimmer regardez ce lien ça donne une portée encore plus vertigineuse à l'utilisation de la chanson d'Edith Piaf !

    http://www.youtube.com/watch?v=UVkQ0C4qDvM

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  2. Merci pour le lien ! ;)

    Effectivement, c'est amusant de voir que ce minuscule fragment sonore (la chanson d'Edith Piaf) a été réutilisé rythmiquement pour composer le thème musical du film.

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