lundi 13 septembre 2010

La Foire aux vanités, de Thackeray.


Qui est William Makepeace Thackeray ?

Thackeray est l'un des grands auteurs de la littérature anglaise du XIXème siècle, le rival de Dickens. Il est principalement connu pour les Mémoires de Barry Lindon, qui inspira le film que l'on sait, et pour La Foire aux vanités, qui parut d'abord en feuilleton dans le magazine Punch. On a vu en lui l'un des meilleurs représentants le l'esprit victorien.

Pourquoi ce livre ?

Tout simplement parce que Charlotte Brontë (un de mes auteurs de chevet) avait beaucoup d'admiration pour cet auteur, à qui, si mes souvenirs sont bons, elle dédia Jane Eyre, ce qui embarrassa considérablement Thackeray, car son épouse était démente. La Foire aux vanités s'inspire également d'un passage d'un autre livre très connu de l'époque, The Pilgrim's Progress de Bunyan, l'un des intertextes importants de Jane Eyre. Enfin, on a vu dans le livre de Thackeray, au moment de sa parution, un roman à clef, et dans son héroïne, Becky Sharp, un double de Charlotte Brontë elle-même (ce qui, quand on connaît un peu la personnalité de cet auteur, est ridicule, mais amusant).

Le roman de Thackeray

La Foire aux vanités (en anglais, Vanity Fair : A Novel Without a Hero) est un roman qui fait siennes les paroles de l'Ecclesiaste : "vanité, tout est vanité", et qui prétend décrire la société anglaise et ses ridicules de manière extrêmement drôle et satirique. Les premières et dernières lignes du texte assimilent ainsi le romancier à un montreur de marionnettes, et la société à un théâtre dont les pantins seraient les personnages du livre.


Dès les premières pages, ça commence fort, puisqu'on assiste à la sortie de deux jeunes pensionnaires de l’Institut de jeunes filles de Chiswick Mall.

La première, Amelia Sedley, dite Emmy, possède tout ce qu’il faut avoir pour réussir dans la vie : des parents à l’aise et aimants, un frère à la situation solidement établie aux Indes, un amoureux tout trouvé, George Osborne et les rêveries propres à son âge. C'est un ange de vertu.

La seconde, Rebecca Sharp (qui signifie en anglais pointu, piquant), dite Becky, est la fille d'un peintre devenu alcoolique, et d'une actrice. Elle est pauvre et orpheline. Elle n'a rien, sauf l'assurance d'un poste de gouvernante dans une famille de nobliaux à la campagne, les Crawley.


Elle est jolie, intelligente, son don pour la musique est exceptionnel, et sa maîtrise du français, parfaite ; c'est d'ailleurs ce qui lui a permis d'entrer dans cet Institut : elle ne paye rien, mais en contrepartie, donne quelque cours aux jeunes filles de bonne famille qui se trouvent là.

Soyons clair : Becky est sympathique, mais c'est une garce. Comme elle déteste la directrice, elle ne se gênera pas pour jeter par la fenêtre de la voiture qui l'emmène, elle et son amie Amélia, dans la famille de celle-ci, le dictionnaire grâcieusement offert par les dames de la pension aux deux jeunes filles.
La première édition de Vanity Fair fut illustrée par Thackeray lui-même ; ici, sir Pitt demande Miss Sharp en mariage.

Autant Amelia est douce, résignée, généreuse, paisible et sans grande imagination - disons même : ennuyeuse, passive et sans grande personnalité, autant Becky pour sa part déborde de joie de vivre : jolie, vive, rusée, sans beaucoup de scrupules, c’est une "battante" qui utilise tous les moyens qui sont à sa disposition pour aboutir à ses fins, à savoir une situation respectable.

Elle n'aura aucun scrupule pour tenter de séduire le gros et fat Joe Sedley, le frère d'Amélia ; mais le fiancé de cette dernière, un personnage vain et égoïste, George Osborne, fera échouer ses plans. Elle sera alors obligée de se rabattre sur la famille Crawley pour assouvir sa soif de revanche sociale.

Ces personnalités si dissemblables connaîtront les guerres napoléoniennes, les conséquences de Waterloo, où George Osborne trouvera la mort, et mille et une autres aventures toutes plus drôles et dramatiques les unes que les autres.

C'est écrit dans une langue simple, avec un humour qui fait mouche ; ce livre contient l'une des demandes en mariages les plus drôles que j'ai jamais lues. C'est très austenien, en plus satirique ; la société ainsi dépeinte est bien égratignée ; les sentiments ne sont pas absents, puisque Amélia est aimée en secret par le major Dobbin ; quant à Becky Sharp, elle est courtisée par tous les hommes qui se trouvent dans son sillage.

Un roman drôle, instructif et émouvant.

A noter, l'adaptation BBC de 1998, dont voici un extrait (Becky s'efforce de s'intégrer à la bonne société, mais lors de la première réception d'importance à laquelle elle est invitée, les autres femmes se refusent d'abord à lui adresser la parole, au motif qu'elle est une arriviste) :

... et le film de Mira Nair en 2004 :

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