
Du nouveau concernant mes prochaines lectures très vite ! ;)
Coups de coeur littéraires et cinématographiques...
Dans le New-York des années cinquante, cinq femmes d'horizons différents, secrétaires dans une maison d'édition, aspirent à un avenir heureux et cherchent leur place au soleil dans une société dominée par les hommes. Si l'une ambitionne d'être directrice éditoriale, l'autre rêve secrètement d'être chanteuse, et à la troisième seul importe un mariage réussi...A travers le portrait croisé de ces cinq héroines, c'est toute une société et toute une époque qui renaîssent sous la plume talentueuse de Ronna Jaffe, époque à laquelle le mariage était, pour les femmes, un sésame indispensable ...Publié en 1958 aux Etats-Unis, ce premier roman qui n'a pas pris une ride rend un très bel hommage aux femmes, dans une atmosphère rétro pleine de charme, clin d'oeil à la série Madmen.
Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s'occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L'insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s'enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s'exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu'on n'a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l'ont congédiée. Mais Skeeter, la fille des Phelan, n'est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle cherche à découvrir pourquoi Constantine, qui l'a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot. Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié ; moins encore la toléreraient. Pourtant, elles sont liées par un projet secret qui les met toutes en danger, l’écriture d’un livre qui remet en cause les conventions sociales de leur époque et leurs conditions de travail.



1°) A Dangerous Method, de David Cronenberg.
Sabina Spielrein est une jeune femme souffrant d'hystérie. Elle est alors soignée par le psychanalyste Carl Jung, dont elle devient rapidement la maîtresse. Cette relation se complique fortement lorsque Sabina entre en contact avec un autre psychanalyste, Sigmund Freud.
Un film sur la psychanalyse, pourquoi pas ? L'histoire me paraît un peu simpliste, mais si les acteurs et les dialogues sont bons... Je me demande surtout si Keira Knightley sera un peu moins mauvaise que d'habitude dans ce film. La bande-annonce m'a plutôt agréablement surprise, parce qu'elle s'y révèle plutôt crédible dans un rôle pour le moins inhabituel par rapport à ce qu'elle a pu faire auparavant.
2°) La Taupe, de Tomas Alfredson
Durant la période de la Guerre Froide, un ancien espion, George Smiley (joué par Gary Oldman) est obligé de reprendre du service pour démasquer une taupe soviétique au sein du MI6.
Pour le coup, je suis beaucoup plus emballée par ce film. Adaptation du plus connu des romans d'espionnage de John Le Carré, cette adaptation s'offre un casting de luxe : outre Gary Oldman, on pourra y retrouver Colin Firth, Ciaran Hinds, Mark Strong, et bien d'autres. La bande-annonce semble très prometteuse : le réalisateur a apparemment su recréer l'ambiance de cette époque. La musique y est sans doute pour quelque chose.
3°) Wuthering Heights, d'Andrea Arnold

La réalisatrice n'a laissé filtrer que très peu d'informations sur cette nouvelle adaptation du chef d'oeuvre d'Emily Brontë, et a choisi de s'entourer d'acteurs très peu connus du grand public. L'exercice qui consiste à adapter Les Hauts de Hurlevent pour la énième fois est pour le moins risqué ; espérons cependant que cette réalisation saura se montrer à la hauteur et proposer une vision intéressante et originale du roman.
4°) Poulet aux prunes, de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud.
Téhéran, 1958. Nasser Ali Khan (Mathieu Amalric)), musicien célèbre, a perdu le goût de vivre. Plus aucun instrument ne semble pouvoir lui redonner l’inspiration depuis que son violon a été brisé. Sa tristesse est d’autant plus forte que son amour de jeunesse, rencontré au coin d’une rue peu après cet incident, ne l’a pas reconnu. Après avoir cherché en vain à remplacer cet instrument reçu autrefois de son maître de musique, Nasser en arrive à la seule conclusion possible : puisque aucun violon ne peut plus lui procurer le plaisir de jouer, il se mettra au lit pour attendre la mort. Il envisage alors toutes les morts possibles : être écrasé par un train, sauter d’une falaise, se tuer d’une balle dans la tête, faire une overdose de médicaments… mais ne trouve aucune de ces issues digne de lui. Après tout, il était le meilleur violoniste de son temps : Nasser Ali Khan.
Enfin, un outsider présenté hors compétition : W.E., réalisé par Madonna. Ce film, qui retrace les amours d'Edward VII avec l'Américaine Wallis Simpson, divorcée américaine pour laquelle il renonça au trône d’Angleterre, surfe aparemment sur le succès du Discours d'un roi. Le nom de la réalisatrice fait un peu peur (jusqu'ici, Madonna n'a jamais vraiment convaincu au cinéma), mais les choix faits pour le casting seraient judicieux.
Espérons simplement que W.E. soit un peu plus qu'une bluette vaguement sulfureuse...
J'ai lu ce livre la semaine dernière, et j'ai beaucoup aimé. L'édition publiée par Sillage est très agréable à lire ; la qualité du papier utilisé pour la couverture et pour les pages du livre y est pour quelque chose. La traduction m'a paru bonne : pas de barbarismes, pas de mots inventés, une langue fuide et claire.
J'ai fini Une partie de cache-cache jeudi soir, et j'ai plutôt bien apprécié ce roman, même si je ne le trouve pas aussi réussi que Mrs Palfrey, hôtel Claremont et Angel. Cependant, c'est un roman très bien écrit (même si par moment, il y a deux ou trois bizarreries au niveau de la traduction). Elizabeth Taylor a une manière de voir le monde très acerbe, très ironique, mais aussi très sensible, avec deux ou trois références à des auteurs britanniques et français extrêmement renommés, comme Emily Brontë, Flaubert ou Daphné du Maurier. Les héros ne sont pas reluisants, mais on s'y attache quand même, et ce n'est pas l'un des moindres talents de l'auteur que de nous faire sympathiser avec une héroïne assez gauche, un comédien raté et un bourgeois grisonnant. La fille de l'héroïne et la relation affective qu'elle noue avec son professeur de grec est plutôt bien vue, de même que la description des mères des héros, suffragettes ou comédienne extravagante. La psychologie des personnages est très fine, et l'humour bien présent. Sans être un coup de coeur, probablement le meilleur livre que j'ai lu au cours des derniers mois.
A Budapest, Alfred Kralik et Klara Novak travaillent dans la boutique de maroquinerie de Monsieur Matuschek. Les deux employés s'entendent comme chien et chat... Alfred correspond par petites annonces avec une femme qu'il n'a jamais vue ; il découvre bientôt que cette mystérieuse inconnue n'est autre que Klara, l'employée qu'il déteste au magasin. Sans révéler à celle-ci la vérité, il cherche à se rapprocher d'elle et à s'en faire aimer.The shop around the corner met en scène des employés, personnages réels et ordinaires, dont la fragilité et les mesquineries, sont observées avec tendresse et humanité par Lubitsch. Ce film est un véritable bijou : les comédiens sont absolument remarquables par la justesse de leur jeu, et les scènes s'enchaînent parfaitement.

Si vous n'avez pas encore vu ce film, il faut vous le procurer immédiatement : vous ne pourrez pas le regretter !
Contrairement à ce que pourrait présager son titre légèrement "cul-cul la praline" (mièvre, si vous préférez), c'est à mes yeux le meilleur livre de Nancy Mitford, le plus auobiographique et le plus spirituel, aussi. Si vous ne devez en lire qu'un, c'est sur celui-là qu'il faut se jeter sans plus attendre !
Ce second opus est un peu moins drôle que le précédent, parce que l'auteur est moins en empathie avec ses personnages, mais reste cependant d'un bon niveau et réserve de bons moments.
Mmh... alors très honnêtement, ce troisième opus ne m'a pas beaucoup marquée : ça se lit très agréablement, mais sans plus.
Bon, et celui-là, malgré la présentation dithyrambique de l'éditeur, je l'ai trouvé bourré de clichés sur Paris.Unity et Diana en Allemagne dans les années 1930
Unity Mitford se comportait en effet comme une véritable groupie vis-à-vis du dictateur, au point que les journaux anglais des années 1930 virent longtemps en elle l'une des maîtresses du maître du IIIème Reich, et Diana divorça de son premier mari pour épouser par la suite Mosley, un représentant politique de l'extrême droite en Grande Bretagne. L'attitude des deux soeurs et de leur mère durant cette période montre l'attirance d'une certaine frange de l'aristocratie anglaise, en perte de vitesse, pour les idéaux du fascisme.

Le livre de Nancy Mitford se veut drôle, et certaines répliques sont très spirituelles, mais l'intrigue est un peu délayée et les personnages du livre ne sont guère sympathiques.
Néanmoins, suite à sa lecture, j'ai eu envie d'en savoir plus sur cette famille assez déjantée, et je me suis plongée dans la biographie des soeurs Mitford par Annick Le Floc'hmoan. J'ai exprimé dans un précédent billet les réserves que j'ai contre ce type d'ouvrage, mais il faut reconnaître que cette journaliste a fait un travail d'investigation très sérieux, et que son livre se lit comme un roman :
Au début du XXe siècle, dans la noblesse anglaise encore flamboyante, naissent les célèbres sœurs Mitford. Leur destin sera hors du commun. Nancy, amoureuse de la France et de Gaston Palewski, gaulliste historique, devient une romancière célèbre. Diana brûle pour le fascisme anglais naissant et se compromet auprès de son chef de file ; Unity devient une proche amie de Hitler ; tandis que Jessica, l'avant-dernière de la fratrie, s'engage auprès des jeunes républicains espagnols avant de rejoindre le parti communiste. Seules Pamela et Déborah suivent la voie rêvée par leurs parents, et se marient dans le luxe et le conservatisme. A travers le portrait étonnant de ces femmes passionnées, prises dans les tourments de la crise économique et des deux guerres mondiales, ce document présente une vibrante traversée du siècle.
Où l'on réalise, en fait, que Nancy Mitford, pourtant brillante, élégante et spirituelle, eut une vie sentimentale triste et ratée. Le livre resitue la famille Mitford dans son siècle, et chacune des six soeurs fait l'objet d'un portrait détaillé ; toutes sont attachantes ; toutes présentent un grain de folie plus ou moins développé. Leur père, Lord Redesdale, n'avait-il pas l'habitude de dire : "Je suis normal, ma femme est normale, mais mes filles sont toutes plus folles les unes que les autres" ?
Mais ce livre, pour passionnant qu'il soit, ne remplace pas la lecture de La poursuite de l'amour ; d'ailleurs, sitôt cette biographie refermée, j'ai entrepris de le relire, avec grand bonheur, car ce roman n'a pas pris une ride !
A noter que La Poursuite de l'amour et L'amour dans un climat froid ont fait l'objet d'une adaptation télévisée par la BBC il y a quelques années.
Premier flash-back, celui de Deborah (Jeanne Crain), la plus jeune, une fille issue de la campagne qui a travaillé pour l'armée et qui épouse un homme jeune, beau, riche et distingué, Brad. La soirée qu'il donne en l'honneur de sa jeune épouse pour la présenter à ses amis tourne à la catastrophe, tant la jeune épouse manque de confiance en elle ; elle a conscience que sa robe est affreuse, et elle a beaucoup trop bu pour calmer son anxiété. A côté d'elle, Addie Ross n'a aucun mal à incarner le summum de la classe... cette soirée tragi-comique sera cependant l'occasion pour Deborah de sympathiser avec Rita, qui se montre très solidaire vis-à-vis de sa nouvelle amie.
Deuxième flash-back, précisément celui de la blonde Rita (Ann Sothern), une épouse très moderne, puisqu'elle travaille pour la radio et gagne plus que son mari George, enseignant. Elle invite sa patronne dans le but d'obtenir un poste avantageux pour son mari, et là encore, la soirée tourne au drame : Rita a complètement oublié que c'était l'anniversaire de son mari (contrairement à Addie Ross qui lui offre un disque de Chopin ou de Schubert, je ne sais plus), la bonne - excellente Thelma Ritter - se comporte de manière tout à fait impossible -, et la patronne de Rita, venue accompagnée de son mari, est absolument imbuvable. Le tout donne lieu à une scène très réjouissante au cours de laquelle la mari de Rita, George (étonnant Stanley Kubrick) défend ses idéaux : bien qu'intellectuel et mal payé, il croit en l'éducation, et dresse une critique ironique et féroce de la radio, qui, sous prétexte d'éduquer les masses, les asservit à la société de consommation.
Dernier flash-back, celui de Laura Mae (merveilleuse Laura Darnell), une femme extrêmement belle et intelligente, mais issue d'un milieu très modeste, qui se rappelle comment elle a réussi à mettre le grappin sur son patron, Porter Hollingsway (Paul Douglas, parfait), un homme plus âgé qu'elle, plutôt rustre, mais qui a réussi à implanter une chaîne de magasins dans tout le pays. Avec beaucoup d'intelligence et de cynisme, Laura Mae allume son patron, tout en lui faisant clairement comprendre qu'il n'obtiendra aucune faveur, sauf s'il l'épouse. Mais l'on découvrira que tous deux sont en fait très amoureux l'un de l'autre, et souffrent d'une relation où le sentiment ne peut jamais s'exprimer.
Angel raconte l'histoire d'une jeune fille, qui, comme Emma Bovary, se nourrit de rêves et d'illusions dont le symbole est Paradise House, le domaine des riches aristocrates de sa région. Originaire d'un milieu modeste, rebelle, volontaire et mal élevée, contre toute attente, elle parviendra à vivre de sa plume en vendant des livres où son imagination exubérante met en scène des héroïnes à son image et des messieurs "forts comme des lions et qui pleurent comme des urnes", le tout dans des décors où le kitsch le dispute au ridicule. Incapable de voir le réel tel qu'il est, arrogante, prétentieuse, mais aussi solitaire et pathétique, elle connaîtra le succès, gagnera beaucoup d'argent et tombera amoureuse d'un peintre aristocrate, avant de connaître la déchéance.
Elizabeth Taylor se serait inspirée d'un écrivain adulé à l'époque de la reine Victoria, Marie Corelli, pour peindre cette héroïne capricieuse et insupportable ; grâce à sa plume fine, ironique et cruelle, elle parvient à nous la rendre terriblement émouvante, ce qui n'est pas un mince tour de force. A lire ce livre, on comprend que François Ozon s'y soit intéressé (la manière dont sont décrites les tenues de l'héroïne ne pouvait laisser indifférent un cinéaste de la couleur). Angel - qui aurait pu aussi s'appeler "Paradise House" est un livre que je recommande chaleureusement ; c'est un livre qui ne peut laisser indifférent. A signaler, la très belle préface de Diane Margerie, dont l'analyse est toujours aussi fine.


Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, les critiques que j'avais lues étaient plutôt élogieuses, mais la bande-annonce ne m'avait pas complètement convaincue. Et pour finir, j'ai trouvé ce thriller qui se déroule à Mouthe, la ville la plus froide du Jura, extrêmement drôle, cocasse et original.
L'histoire ? Un écrivain de polars à la James Ellroy enquête sur le suicide d'une Miss Météo francomtoise qui avait tendance à s'identifier à Marilyn Monroe. Très vite, il suspecte un meurtre maquillé en suicide... Malgré le peu de moyens, le film est très bien filmé (tous les détails ont du sens) et surprend par un ton et un humour résolument originaux ; en outre, les comédiens sont excellents, y compris les seconds rôles, qu'il s'agisse de la tenancière de l'hôtel habillée en gothique, ou de la coiffeuse locale, toujours vêtue de manière exotique... c'est en outre un très beau portrait de femme qu'il nous est donné de découvrir là, avec une réflexion toujours d'actualité sur la soif de célébrité et ses désagréments.
La Première Guerre mondiale vient de s’achever. À l’issue des ses études à Cambridge, Judith Earle, jeune fille de 18 ans, regagne la grande maison familiale au bord de l’eau. Elle assiste au retour de ses voisins, les cousins Fyfe, qu’elle a idolâtrés tout au long de son enfance solitaire. Dans une mosaïque qui fait alterner passé et présent, le lecteur est témoin du douloureux apprentissage sentimental de Judith qui, tour à tour, à des moments différents de sa courte existence, est tombée amoureuse de chacun des cousins… pour finir irrémédiablement déçue.
L'amitié de Judith avec Jennifer est ambiguë, comme le montrera la fin du livre, mais Judith est d'une telle candeur, d'une telle innocence, qu'elle ne s'en rend pas compte, ou ne veut pas le voir. Elle est amoureuse de Roddy, qui apparaît comme quelqu'un d'assez désinvolte (le roman suggère qu'il est davatantage intéressé par un garçon de son âge, Tony). Quoique belle et intelligente, Judith est inexpérimentée, elle est amoureuse de la famille Fyfe et voudrait se l'approprier, c'est pourquoi elle se tournera tour à tour vers Roddy, le bon Martin, Julien, qui la feront souffrir et réciproquement, avant de recevoir plusieurs révélations ou confirmations grâce aux lettres de Julien, Mariella et Jennifer à la fin du livre. Une fin qui nous laisse une héroïne terriblement désillusionnée, mais aussi, d'une certaine manière, libérée de la tyrannie d'elle-même et des autres : à elle s'ouvrent enfin tous les possibles...
Livre offert par Summerday dans le cadre du Secret Santa organisé sur Whoopsy Daisy, et recommandé par Emjy, dont voici le billet :